Les douches des prisons n’ont pas pour réputation d’offrir un lieu d’accueil chaleureux où il fait bon prendre son temps et se relaxer. Dans Guilty Houston 2015, la jeune Julia Kowalski y est retrouvée salement amochée et c’est à nous de retrouver le coupable. Je vous livre mon expérience sur cette enquête et vous donne mon avis en conclusion !
Texas Ranger
Bienvenue au Texas ! Mais ne vous réjouissez pas trop vite, la visite se limite aux murs de la prison. Vous incarnez Théodora, inspectrice à la crim’ qui tente d’arrêter de fumer et résiste tant bien que mal au burn-out qui lui chatouille déjà grave les nerfs.
Votre mission : retrouver qui a assassiné la fille du sénateur dans un délai imparti. Et comme tout bon jeu d’enquête, pour que cela soit plus passionnant, on vous demandera bien sûr d’éclairer cette affaire sur Qui ? Pourquoi ? Quand ? Comment ?
Niveau matériel, rien d’affolant : des cartes, des cartes, des cartes ! Et une sorte de plateau central cartonné sur lesquelles disposer… les cartes ! Dernier élément inaccessible au départ : une étrange enveloppe. C’est tout ce dont vous disposez pour résoudre cette affaire mais vous êtes totalement libres et vivement encouragés à faire des recherches sur internet.
Guilty or not Guilty ?
Informée par votre supérieur hiérarchique, vous vous rendez donc à la prison où a eu lieu le crime. Vous êtes reçue par le dirlo qui vous offre une visite guidée avec détails croustillants à l’appui. Bien évidemment, plusieurs suspects vous sont désignées dans un premier temps, c’est ainsi que la partie commence.
L’introduction, qui vous plonge dans l’ambiance et vous livre les premières informations, vous invite à récupérer certains numéros de cartes pour les disposer sur le plateau. Libre à vous ensuite de consulter ce qui vous paraîtra pertinent et de tisser des liens entre les preuves recueillies.
Tout au long du jeu, les éléments se recoupent et toute carte dévoilée vous donne des choix à faire, des décisions à prendre, parfois irréversibles ! Chaque fois que le texte vous demande de récupérer un/des numéro(s) de carte(s), vous devez les disposer sur le plateau face cachée. Vous choisirez par la suite de les consulter ou non.
Toujours est-il que les heures passent dans Guilty Houston 2015. Toute action nécessite de défausser une carte Temps. Ces dernières vous mettent la pression et, parfois, vous apportent de nouveaux éléments ou vous demandent de ranger certaines cartes sans plus pouvoir les consulter. Et oui ! Vos choix auront des conséquences !
La promesse d’une « immersion totale »
C’est écrit sur la boîte, un peu à la façon du dernier polar que tout le monde attendait : en gros et en gras, on nous promet un « jeu d’enquête ultra-réaliste » et chez campustech, on aime ce type de proposition comme le prouve l’article de Ludiguid sur le sujet !
Mais alors, l’éditeur iello répond-il à cette attente ?
Du point de vue du scénario, je ne trouve rien à redire. J’ai adoré l’histoire, l’ambiance, on se plonge dedans comme quand on lit un bouquin. On fonce pour ne relever la tête qu’une fois l’histoire terminée ! L’univers carcéral fascine autant qu’il effraie et, comme nous sommes tous de grands enfants, on aime jouer avec nos limites, nos fantasmes, nos angoisses. Incarner un flic, ça amuse à tout âge et en cela, Guilty remplit bien sa mission : on est à fond dedans, on veut comprendre, fouiller les recoins sombres et révéler la vérité !
Côté matériel ça me va aussi ! Je n’aime pas quand il y a trop de choses d’autant que je résous souvent ce type d’affaire en solo donc pas envie de me taper trop de lecture pour constater que je suis finalement passée à côté de détails importants parce que mon cerveau croulait sous la tonne d’infos ! D’autant que les recherches sur internet peuvent vous occuper un peu, n’hésitez d’ailleurs pas à vous en servir pour analyser, trouver une signification, chercher une définition etc. J’ai loupé quelques indices parce que trop sûre de moi, c’est un peu dommage !
La mécanique ne plaira peut-être pas à tous mais j’ai trouvé malin ce système de temps qui passe et vous pousse à agir et prendre des décisions. Ca ajoute une touche de stress nécessaire pour se plonger dans l’ambiance et surtout ça rend l’expérience plus « réelle » dans le sens où on n’a pas toute la nuit vie pour trouver le coupable.
Nos chefs nous mettent la pression (d’autant plus que la victime est le rejeton d’un homme politique je le rappelle !). De plus, l’histoire est cohérente et les conséquences qui découlent de nos actes offriront quelques rebondissements au récit. C’est vraiment passionnant de se sentir à ce point immergé au coeur de l’investigation!
Le petit hic pour moi, c’est cette maudite phrase dans la règle du jeu qui m’a gâchée l’expérience : « Attention ! Sachez que vous n’aurez pas le temps de lire toutes les cartes Récit pendant la partie ! ». Elle est nécessaire, j’en conviens, puisqu’il faut bien qu’on ait en tête que la partie s’arrêtera avant la fin du paquet. Seulement en général, dans ce type de jeu, on perd des points si on a révélé trop d’infos inutiles. Et, par peur d’aller fouiller trop loin pour rien, je suis passée à côté de détails hyper importants !
Il me restait pourtant du temps quand le jeu m’a annoncé que je pouvais désormais me rendre à la conférence de presse pour livrer mes conclusions mais par pur orgueil, je me suis jetée dans la fosse sans avoir toutes les clefs en main ! Alors si je peux vous donner un conseil (et c’est valable pour tous les jeux d’enquête): rappelez-vous que l’essentiel c’est le ressenti et la résolution finale, non le nombre de points… On s’en fout ! La plus belle des récompenses est la satisfaction apportée par la comparaison de nos hypothèses avec les faits décrits dans les réponses.
Le jeu Suspects (chez Studio H) gomme un peu ce défaut à mon sens puisqu’il permet aux joueurs de noter à quel moment de l’enquête ils pensent avoir trouvé la réponse à telle ou telle question. Ils gagnent alors plus ou moins de points en fonction du nombre d’indices dévoilés au moment de la résolution. On est donc récompensé pour sa perspicacité mais pas privé de découvrir l’ensemble des cartes.
Hormis ce détail, qui m’a beaucoup frustrée au final, je dois dire que j’ai adoré vivre ce moment ! Pendant environ 4h, je me suis laissée aspirer par l’histoire, les faits, les illustrations, les questions, les énigmes ; je ne voulais pas que ça se termine (enfin si mais non !) et je n’ai qu’une envie : recommencer !
Evidemment, une enquête reste une enquête donc je ne peux pas refaire cette boîte-là mais un nouvel opus vient de sortir et nous transporte cette fois-ci à Monaco en 1995 dans une affaire d’espionnage en plein coeur de la course de Formule 1 ! On change donc carrément de décor, moi ça me tente, pas vous ?