J’aime les belles boîtes de jeux de société, c’est un fait, et à la seconde où j’ai vu celle de Heat, je savais qu’elle rejoindrait mes étagères un jour. Mais les mécaniques de jeux de course, qui reposent souvent sur un max de hasard et de lancers de dés, me plaisent un peu moins. Ce qui fait que j’ai traîné pour me procurer cette merveille made in Days of Wonder. Maintenant que c’est réparé, j’ai pu tester le jeu dans plusieurs formats : solo, à deux, à trois et à 6. En mode Grand Prix et en mode Championnat. Et je peux vous le dire tout de suite : Heat est incroyable. Rentrons en détail dans ce test de Heat pour Campustech !
Heat, a ticket to drive
L’édition de Heat par Days of Wonder, c’est un peu le cahier des charges d’un jeu de société moderne qui coche toutes les cases en vert. En premier, le choix de Vincent Dutrait pour les graphismes est un choix immédiatement payant. L’illustration de la boîte est furieusement réussie. La vitesse, la surchauffe, la frénésie, le danger et le côté vintage des courses automobiles d’autrefois nous saute à la tronche.
Mais ce n’est pas tout, car Vincent Dutrait a comme d’habitude excellé dans les illustrations des cartes, de l’iconographie, des plateaux joueurs et de tout élément graphique compris dans la boîte du jeu. C’est du grand art. Il n’existe pas d’autre jeu de course aussi réussi que Heat dans son design ! Et j’allais oublier les grands plateaux de course en eux-mêmes : une merveille de détails, de clarté, de lisibilité. Les éléments mécaniques sur les cartes atelier ont un aspect vintage dément, de même que les sponsors. Une grande maîtrise artistique et thématique se dégage. Du côté matériel, comme d’habitude avec DoW on a des cartes toilées, des beaux plateaux solides, des petites voitures très réussies, des pions en forme de leviers de vitesse. C’est quali, c’est carré, c’est le haut du panier.
Heat me up, before you go go
La mécanique de Heat repose sur une gestion de main de cartes, et de votre boîte de vitesses. Le rapport dans lequel vous êtes (de 1 à 4) indique le nombre de cartes que vous allez jouer à ce tour. Ces cartes ont une valeur de 1 à 4 dans votre deck de base. Ainsi, en deuxième rapport, vous allez jouer deux cartes. Imaginons que vous jouez un 2 et un 3. Vous avancez alors de 5 cases. Simple ? Oui, mais…
Les virages vous imposent une vitesse maximale : si vous passez un virage qui vous limite à une vitesse max de 3, et que vous passez avec une vitesse de 5, vous allez prendre deux cartes Heat. Les cartes Heat sont des cartes de surchauffe moteur, qui sanctionnent vos prises de risque. Vous en avez 6 de base. Quand vous les dépensez, vous allez les mettre dans votre défausse. Tôt ou tard ces cartes vont revenir dans votre main, et la polluer : elles ont une vitesse de 0 et vous ne pouvez pas les défausser. Plus vous prenez des risques, plus votre main est polluée, et attention : si vous ne pouvez pas payer un Heat, c’est le tête à queue ! Et là c’est le drame : vous revenez à la première case libre avant le virage, vous rétrogradez au premier rapport, et vous prenez des cartes stress. Mais…
Si Heat en restait là, ce serait un jeu punitif pour la prise de risque. Alors l’idée à la cool, c’est que vous pouvez aussi refroidir votre moteur. En roulant en 2e rapport, vous refroidissez de 1 : ça veut dire qu’une carte Heat dans votre main retourne dans votre moteur. En premier rapport, vous pouvez refroidir de 3 ! Heat est donc un jeu de funambule entre prise de risque, freinages et gestion de surchauffe. Mais…
Vous avez aussi des cartes Stress dans votre main : une carte qui, quand on la joue, vous fait piocher une carte vitesse depuis votre deck. Ca peut être une carte de vitesse 1, mais aussi une carte de vitesse 4. Impossible de savoir ! Et dans Heat, vous voulez savoir exactement à quelle case vous allez vous arrêter…mais vous devrez aussi prendre des risques car ces cartes stress resteront dans votre main sinon. Mais…
Bon ok, c’est fini, c’est tout ce qu’il a dans le ventre ? Non : des dizaines de petites règles et subtilités viennent enrichir votre expérience de course. En premier lieu, l’aspiration. Vous finissez votre déplacement derrière ou à côté d’une autre voiture : vous bénéficiez de l’aspiration et vous avancez de deux cases. Etre premier toute la course est donc rare, car en jouant en premier vous n’avez jamais d’aspiration. Une superbe idée pour équilibrer la course. Vous êtes dernier et vous allez passer la prochaine heure à galérer et regarder les autres se tirer la bourre ? Non : une mécanique à la mario kart vous donne un +1 à chacun de vos déplacements, et un refroidissement gratuit. Si vous vous accrochez, vous allez remonter !
Heat me baby one more time
En plus de son gameplay fun et malin, Heat propose une modularité d’options à activer selon vos envies. Selon si vous jouez avec des noobs ou des experts de Heat, vous pourrez activer des options de jeu :
- un atelier avec des améliorations : des cartes spéciales qui donnent d’énormes avantages
- une météo pour le circuit : la météo influe sur des portions du circuit et sur les virages
- un mode championnat : jouez sur plusieurs courses, marquez des points, améliorez votre voiture
- un mode solo : jouez contre les Légendes
- des sponsors : prenez des risques dans certains virages et soyez récompensés par des cartes excellentes pour le spectacle offert !
Dans la légende
L’autre aspect absolument bluffant dans la réussite de Heat c’est la façon dont le jeu gère la course des pilotes virtuels qui vous accompagnent. Une sorte d’IA qui fait bouger les voitures, pilotées par les Légendes. Par une simple mais extraordinaire mécanique basée sur un deck de cartes, l’IA peuple le circuit et rend la course vivante, épique. Je ne sais pas comment ils ont fait pour trouver un équilibre aussi parfait. C’est une prouesse de game design. Je ne vais pas rentrer dans les détails, mais le comportement des Légendes est dicté par une ligne, située en amont de chaque virage, qui détermine si le pilote va se comporter de manière agressive ou si il va assurer. Ca prend deux secondes à les jouer, c’est limpide et efficace.
Heat the Road, Jack
Heat a donc un gameplay original, des interactions permanentes, et il offre des sensations de course assez réalistes pour un jeu situé un peu moins simu qu’un Formula Dé. Heat est un banger, un blockbuster, un cadeau idéal. Un jeu fluide, accessible, modulable et rejouable. Le mode championnat est une dinguerie, le mode solo aussi, les Légendes offrent un challenge difficile. Tous les feux sont au vert, foncez.
Heat a-t-il des défauts ? Je dirais que certaines cartes sont difficiles à comprendre, car l’icono est riche, et que certaines règles manquent de clarté en première lecture. Mais hormis ces détails, le jeu ne souffre d’aucun problème de gameplay, d’édition ou de feeling.
Au final, Heat fait partie de ces grands jeux, immédiatement reconnaissables grâce à un mix réussi de mécaniques, de sensations et d’édition. Si vous n’êtes pas réticents à la thématique des jeux de courses, Heat doit rejoindre vos kallax très vite, car vous pourrez le sortir en famille, entre potes, vous lancer dans des championnats (3 championnats différents sont inclus dans la boîte), le sortir en solo ou à 2, 3, 4, 5 ou 6 : le jeu est tout aussi bon quelle que soit la config.
Quel est l’avenir de Heat ? Je peux déjà constater que deux emplacements sont dispos dans le thermoformage, pour aller jusqu’à 8 joueurs. Je pense qu’une extension avec 8 à 10 voitures serait fantastique, avec 4 nouveaux circuits et quelques cartes matériel et sponsors. Que d’autres météo extrêmes soient de la partie aussi. Je pense que le jeu Heat va perdurer, et après une ou deux extensions il sera parfait.
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En complément, je vous mets la série de vidéos Heat, championnat en solo, par Etrigane :
La série est cool à suivre, et c’est aussi en voyant ça que j’ai craqué pour le jeu, merci Etrigane !
Entièrement d’accord avec votre test. Si l’on a accroché à Flamme rouge, autre jeu de l’auteur, on ne peut qu’accrocher à cet opus. Grosse ambiance à l’association autour de la table. De plus, des circuits home made sont disponibles un peu partout. En téléchargement sur BGG, à l’achat sur des imprimés sur Vinted et j’en passe.