Oldchap Games m’a envoyé Focus, sur lequel j’avais un oeil depuis un moment : je suis friand des expériences coopératives un peu audacieuses. Un jeu d’association d’idées uniquement à deux joueurs, muet et au format minimaliste ? Je suis client !
Zoom sur l’édition
Focus arrive dans une petite boîte carrée légère, qui contient :
- 100 cartes carrées dont 16 cartes repère et 84 cartes illustrées recto-verso
- la règle du jeu
Sur les cartes figurent des objets du quotidien, des animaux, des plantes. L’illustrateur Simon Caruso ne m’est pas inconnu, puisqu’il a oeuvré sur le sublime The Loop ! Et là c’est un grand écart entre le design futuro-vectoriel cartoonesque de The Loop et les illustrations crayonnées old-school de Focus. Focus procure un feeling d’imagier d’un autre temps, avec les objets d’un quotidien du passé : pipe, damier et montre à gousset.
Focus propose donc une édition minimaliste, avec un jeu au toucher doux et un format carré qui matche avec le côté grille du gameplay. Plutôt maîtrisé dans l’ensemble, et thématiquement pas con pour un jeu sur les associations d’idées et donc la mémoire et les souvenirs. Illustrations, matériel, boîte, règles du jeu : tout est maîtrisé.
Boîte carrée, carte carrées, grille carrée : une édition au carré.
Autoroutes du cerveau
Focus propose un gameplay d’association d’idées, exclusivement pour deux joueurs : vous allez devoir vous faire mutuellement deviner une carte parmi une grille de 16 cartes (4×4 cartes).
Le twist : il est interdit de parler.
Mais comment faire ? Simplement en retirant des cartes : chaque carte retirée est un indice sur la carte que vous devez faire deviner. Mais attention ! Si vous retirez la carte que votre partenaire essaye de vous faire deviner vous avez perdu.
La carte que vous devez faire deviner vous est indiquée sur une carte repère, qui représente la grille et sur laquelle une loupe vous indique votre cible. Heureusement, il y a une cinquième ligne de carte, une ligne hors de la grille, dans laquelle il est autorisé de retirer des cartes sans risque. Encore faut-il qu’elles correspondent à votre carte ! Une partie de Focus dure entre 10 secondes et 15 minutes, et les parties s’enchaînent assez facilement. On perd souvent, suivant le mode de jeu, et on y revient aussitôt.
Balai, coccinelle, lit : c’est une souris
Le gameplay de Focus repose sur l’association d’idées et le flou que ces associations entretiennent. Vous retirez un balai en pensant à sa forme ? Votre partenaire l’associe à sa couleur. Ou sa fonction. Ou sa symbolique. Et ça marche vraiment bien dans le jeu. Ce que fait Focus et que font moins bien d’autres jeux, c’est de proposer un gameplay qui explore cette mécanique, qui la triture, pour minimiser son côté random. On est sur des sensations de Dixit, de Mystérium, ou de The Mind, mais sans ce côté ultra aléatoire. Car ce n’est pas une association d’idée qui fait sens, mais un ensemble d’associations d’idées qui se regroupent et qui racontent quelque chose.
Par ailleurs, Focus embarque plusieurs modes de jeu :
- mode de jeu normal Watson : on retire les cartes une à une, et à la fin il ne reste que les deux nôtres
- mode de jeu Sherlock : pareil mais à tout moment on peut arrêter pour dire qu’on a trouvé (et on marque des points en fonction des cartes restantes)
- mode de jeu Mycroft : chaque joueur doit faire deviner deux cartes à l’autre !
- mode de jeu Madame Hudson : les objets de la grille sont thématisés selon des « vraies » affaires de Sherlock Holmes (Une étude en rouge…)
Le mode de jeu Watson est parfait pour débuter et expérimenter ses premières parties, ou jouer avec des enfants. C’est le mode accessible, qui fonctionne très bien. Mais assez vite, entre gamers, je vous conseille de basculer sur le mode Mycroft. Le sel du jeu est ici ! Car faire deviner deux objets, c’est complètement différent ! Vous ne pouvez pas dire si telle carte que vous retirez c’est pour votre carte 1 à faire deviner ou votre carte 2. Et ça change tout ! La dynamique et la difficulté de faire deviner deux objets change Focus, qui passe d’un petit jeu rigolo à un vrai jeu coop difficile où l’on perd plus que l’on gagne. La prise de risque entre en jeu, les jokers et les impasses s’immiscent, et la communication non-verbale prend son sens.
Les cartes sont recto-verso, et vous aurez largement de quoi faire avant de retrouver des configurations qui se répètent. Seul bémol : le thème global est un peu cliché, un jeu d’enquête avec un background Sherlock Holmes…mouais.
221b Baker Street
Entre sa mécanique originale, ses modes de jeu et son gameplay à multiples étages, je trouve que Focus en fait beaucoup pour un petit jeu. Il n’est pas rincé après trois parties, et il brasse un public potentiel assez large. J’aime quand un jeu propose un cran de difficulté en plus pour les joueurs aguerris, sans trahir la méca, et sans rendre le jeu de base obsolète. Et pour moins de 15€, c’est vraiment un petit banger de poche à posséder dans sa ludothèque.
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