À une époque, les jeux de Martin Wallace résonnaient en moi comme des jeux extrêmement réputés mais au combien confidentiels pour mon cercle ludique. Les noms de Steam, Brass ou London fédéraient des communautés de joueurs mais je restais méfiant. Une méfiance accentuée par le fait qu’à chacune de mes explorations ludiques je découvrais sur les divers forums des difficultés de compréhension des règles, des problèmes de gameplay potentiellement fixés et des règles maisons.
Ne me demandez pas de lien ou d’explications mais mon cerveau avait associé le nom de Wallace a des jeux inutilement complexes dans leurs règles et avec des bugs (vous pouvez le blâmer je ne lui dirai rien à ce cher cerveau). J’achetais donc ce Anno 1800 sur la base de la licence du jeu vidéo plutôt que pour son auteur.
Anno Version Wii
En effet, la licence Anno ce sont des heures et des heures passées sur la Wii (merci de ne pas vous évanouir) sur “Anno, créez votre monde !” Une version certes simplifiée au regard des exigences des versions PC mais une expérience de gestion dans mon canapé au combien satisfaisante.
L’exploitation de terres inexplorées pour bâtir de puissants royaumes en gérant une flopée de ressources n’étaient alors interrompue que par le son strident “NIIIIIIIITTTTT” d’une Wii qui venait de planter sans rien sauvegarder en succombant à la chaleur du calcul et de l’île de la Réunion. Malgré ce bug régulier qui traînait comme une épée de Damoclès sur ma tête je revenais sans cesse à de nouvelles parties.
Pour le plaisir
Après cette longue introduction pour vous placer le contexte de mon achat (oui ma compagne aussi à le droit à ce genre d’histoire pour justifier mes achats), revenons à la beauté de ce Anno 1800.
Le gameplay est avant tout basé sur la satisfaction de votre peuple. Chaque cube que vous possédez représente un citoyen que vous allez pouvoir envoyer au travail dans vos (nombreuses) usines mais chacun est également associé à une carte qui représentera les ressources à générer pour le rendre heureux. Et il en a bien besoin quand on voit les têtes des personnages sur les cartes de ce jeu ! En plus du côté Anno version jeu vidéo j’y ai retrouvé aussi un côté Sims…
Bon alors Bob veut du papier toilette (on me souffle que c’est de l’étoffe de coton) et du charbon. Si vous arrivez à générer cela vous allez pouvoir poser sa carte et gagner un bonus ! Et cette satisfaction client n’est pas optionnelle car c’est elle qui génère les points de victoire ! C’est aussi le fait de ne plus avoir de cartes en main qui entraîne la fin de partie. Et le côté fun c’est que des cartes vous allez en avoir encore au cours de la partie (en plus de votre main de départ) quand vous recruterez des nouveaux ouvriers par exemple.
Pour générer les ressources voulues par vos citoyens il faudra déplacer vos ouvriers sur vos usines produisant ces ressources. Si vous n’avez plus de cubes à disposition il faudra les rendre à nouveau disponible avec de l’or, organiser une fête du village qui reset votre plateau ou commercer avec les autres joueurs. Ben oui, pourquoi s’embêter à créer sa propre usine de savon quand on peut juste acheter cette ressource avec les copains ?
On ne pourra pas tout construire dans ce jeu car il y a 41 ressources différentes ! C’est grisant ! Mais il faudra bien gérer. D’autant plus que pour Jean-René qui veut de la montre à gousset il faudra, pour lui construire cette usine, générer du verre et du laiton ! Et devine quoi Jean-René ? Le verre et le laiton sont 2 usines à construire alors tu vas attendre un peu.
Original au possible
Cette mécanique de plaisir des ouvriers (ce n’est pas dit comme ça dans les règles mais vous commencez à me connaître je vous parle de ressenti in game) et de génération des ressources m’a paru très original.Il sera possible aussi de faire jouer l’ascenseur social : vos fermiers pourront évoluer pour devenir des investisseurs si vous utilisez les bonnes ressources.
Vous aurez également à gérer votre flotte de bateaux en axant votre stratégie sur le commerce (pour éviter de perdre du temps à trop construire) ou l’exploration (pour récupérer des tuiles ancien monde et nouveau monde). Ces tuiles vous permettront d’avoir accès à de nouvelles ressources exotiques et à des emplacements supplémentaires pour vos constructions.
Cette fois-ci tout va bien avec Wallace ?
Alors même si j’ai beaucoup aimé ce jeu il n’aura pas enlevé de mon cerveau les craintes (fondées ou infondées) que j’ai envers les jeux de Wallace.
Commençons par ces tuiles ancien et nouveau monde : vous trouverez des joueurs pour houseruler le fait d’en piocher 2 et de n’en garder 1 tellement l’influence d’une mauvaise pioche peut être fâcheuse dans les cadeaux obtenus ou ressources obtenues sur votre stratégie. C’est un point qui ne m’a pas dérangé personnellement. En revanche une autre règle maison issue des forums et que j’applique à mes parties me semble plus indispensable.
Dans la règle du jeu, à la construction d’une usine, celle-ci peut de suite être exploitée par les adversaires. Ceci permet le biais suivant : personne ne peut construire l’usine à canon car elle nécessite une des 2 usines à dynamite. Mais du coup, dès que quelqu’un va construire la dynamite les 2 joueurs suivants vont se ruer sur l’usine à canon.
Alors cela ne pose pas de soucis à 2 joueurs me direz-vous, et cela peut être joué plus finement ajouterez-vous (genre construire l’usine à dynamite quand un joueur n’a plus d’ouvriers disponibles), et ce n’est que dans les parties où l’objectif de fin de partie donne 6 points pour ces usines de dynamites concluerez-vous. Oui je ne dis pas qu’il y a scandale mais je préfère jouer avec la règle maison qui ne rend disponible une usine construite qu’un tour plus tard pour les autres joueurs (vous serez donc toujours le joueur utilisant en premier votre usine si vous le voulez).
En revanche, l’une des mécaniques qui m’a semblé en trop dans le jeu est celle des cartes expéditions. Ce sont des cartes que l’on va obtenir en dépensant des jetons exploration et qui vont indiquer 2 couleurs de cubes. On se retrouve ainsi à la fin du jeu avec pas mal de ces cartes et on va juste poser ses cubes dessus pour montrer qu’on a la bonne couleur pour marquer des points. La mécanique est beaucoup moins amusante que le reste et bien plus difficile à optimiser.
Anno 1801, 1802, 1803, …
Non vraiment le point clé qui fait que je suis toujours pressé de retourner à ce jeu, c’est la mécanique de satisfaction des ouvriers et la gestion de la production des nombreuses ressources. Selon le deck de cartes de départ, la façon dont vous allez gérer vos industries va pas mal changer. Vos adversaires et leur rythme de jeu va également impacter sérieusement votre partie (coucou mon frère qui a rushé notre dernière partie).
À noter que vous aurez aussi des objectifs de fin de partie qui seront à prendre en considération.
Non mais cette tête !
Le matériel de jeu est plutôt correct. Nous avons vraiment un aspect jeu-vidéo poussé pour notre organisation de jeu qui est sympa. Cet aspect jeu-vidéo est par contre peut-être trop poussé sur les illustrations des personnage. Non mais franchement il y a des citoyens qui ont de ces têtes !
3 autres petits points me chagrinent également. Tout d’abord, le nombre de cubes ouvriers peut poser problème (manque de cubes rouges par exemple) sans qu’on sache quoi faire dans ce cas. Ensuite, le fait de retrouver le nom des ressources sur une aide de jeu plutôt que directement sur les tuiles (ou sur le plateau). Et enfin, la mise en place qui peut être très longue si vous la faites seule et si vous n’avez pas regroupé lors du rangement les tuiles par couleur. Un système Gametrayz aurait été la bienvenue pour les usines.
Je m’offre cet Anno ?
Il est vraiment sympa ce jeu de Martin Wallace. Si vous cherchez un jeu original dans son système de jeu avec plein de ressources à gérer il est pour vous ! Et là aucun risque que le jeu face NNIIIIIIITTTT !