Dadada c’est le genre de jeux conceptuels auxquels on adhère très vite…ou pas. Sur un gameplay très simple d’association d’idées, chaque partie de Dadada vous fera inventer un proto-langage en 5 sons. Un pari assez ambitieux, que le jeu remporte haut la main ! Voici mon avis sur Dadada
I’m blue
En règle générale, je suis celui qui n’aime pas trop les jeux d’ambiance. Je n’écoute que de la musique triste, et je préfère chialer que rigoler au ciné. Et les jeux qui te font du coude en mode « hey ! allez, rigole » je les déteste. Dadada partait donc avec un a priori négatif. Et puis j’ai ouvert la boîte, et j’ai joué avec des amis, avec des clients en magasin, en soirée jeux…Et banger immédiat. Voici pourquoi !
L’édition de Dadada est assez réussie : la typo de la couv fonctionne bien, les cartes sont lisibles. Le jeu aurait souffert d’avoir un univers visuel trop marqué, puisque tout se passe dans la tête des joueurs et il fallait un mood graphique neutre. Le jeu sort à 18€ et aurait pu peut-être sortir à 12€ dans un format plus compact : il n’y a que des cartes dans la boîte.
Mip Tep Dov
Qu’est-ce qu’on fait dans Dadada ? On a des cartes « sons » et des cartes « images ». En début de partie, vous allez disposer sur la table deux cartes sons, et 13 cartes images. A partir de là, interdiction de parler autrement qu’avec les deux sons affichés. Il faut essayer de classer des images dans les deux sons, en suivant une certaine logique. A tout moment, un joueur peut tirer une nouvelle carte son, pour enrichir le langage et faciliter le tri des 13 images.
La première phase du jeu est donc une succession de sons, prononcés par les joueurs quand ils rapprochent une image d’un son. Mip ? Mip Tep ? Dov Evidemment, les images peuvent « appartenir » à deux sons, et donc être décrites avec les deux sons au lieu d’un seul : Mip Tep ? Dov Gné ?
Une fois les 13 cartes rangées dans leurs sons respectifs, un langage a été créé.
Pwé Oup Gné
La deuxième phase du jeu peut alors commencer. Un joueur va tirer une carte image de la pioche, et va devoir la décrire en utilisant le ou les sons du langage commun. Ensuite, il mélange cette carte avec 5 autres cartes de la pioche, les étale face visible, et les autres joueurs doivent retrouver la bonne image !
C’est pendant cette deuxième phase que le jeu devient incroyable : chaque carte est analysée et débattue uniquement en « langue du jeu » !
Chaque carte ainsi validée vaut 1 point. Mais au bout de 2 erreurs, la partie s’arrête et on compte les point gagnés !
Duh Jah Flo
Il faut vraiment vivre une partie de Dadada pour en comprendre sa force. D’ailleurs, pour votre première fois, autorisez-vous une partie un peu à blanc : des joueurs vont vouloir poser des questions, il y aura des hésitations, ce ne sera pas 100% fluide. Mais dès la deuxième…J’ai joué Dadada avec des joueurs aguerris, comme avec des clients en boutique.
Ca a marché à chaque fois, et le jeu me surprend, partie après partie. La façon de classer les images est vraiment différente à chaque fois, et les critères de rangement très variés. Pour vous donner quelques exemples :
- les objets creux ou pleins
- les trucs vieux ou récents
- les trucs tristes ou joyeux
- les trucs qui brûlent ou pas
Impossible de fomenter ces critères de classement d’image à l’avance, ils viennent en jouant. Et ça marche tellement bien, c’est absolument dingue quand ça arrive dans une partie.
Dadada réussit à transformer un petit gimmick de gameplay en une vraie proposition originale. Le genre de jeu dont on se souvient, qui n’est pas un simple aplat mécanique. Il se passe un vrai truc autour d’une table de Dadada : ça crie, ça rigole et la grammaire proposée nous fait vivre une expérience intense et marrante.
En termes de durée de vie, je ne pense pas que le jeu ait 50 parties dans le ventre, mais en variant les joueurs et en espaçant un peu, c’est hyper rejouable. De toute façon, l’intensité des quelques parties qui auront bien marché sera telle que le jeu aura rempli son rôle. Inventif, débilos, original : Dadada doit faire partie de votre ludothèque.