La gamme historique des Unlock!, propulsée par le studio Space Cowboys, s’est déclinée en Short Adventures : une petite boîte avec une seule aventure à 7€ au lieu de la grosse boîte avec 3 aventures dedans. Et le format est hyper cool en vrai, ça permet de se familiariser avec le concept de jeu d’enquête/escape game avec appli. Et de voir si on aime cette proposition ludique.
Dans cet article j’ai caché tous les spoilers dans des ascenseurs, aucun risque donc si vous ne cliquez pas dessus !
Le Chant des Embruns : plume & écailles
La thématique de cette Short Adventure parle d’une histoire d’amour impossible entre un pinson et une carpe. Elle se déploie à coups de vers de poésie, qui enrobent les énigmes en les présentant de manière mystérieuse, vaporeuse. Comme d’habitude avec les Unlock!, vous devrez observer les cartes, résoudre des problèmes via l’application, et penser « out of the box » pour espérer vous en sortir dans le temps imparti.
Le Chant des Embruns ne déroge pas à cette règle, avec de multiples couches d’énigmes visuelles, sonores et logiques. Avec ou sans indices, vous progresserez pour faire évoluer la relation entre cet intrépide pinson et cette carpe aventurière. L’expérience prend environ 1h.
Je trouve que cette thématique est une belle prise de risque, et que cette histoire d’amour improbable constitue un beau terrain de jeu. On a vu 1000 fois toutes les thématiques de fantasy, de guerre ou des sempiternels vikings/pirates/dieux grecs/science-fiction. Explorer la romance et les sentiments, ça peut être très cool à mon sens. Donc déjà, bravo pour ça.
Le texte qui sert de support à cette aventure sert donc à la fois en tant qu’outil narratif, et comme support pour développer les énigmes. C’est une grammaire à double sens, qui doit être un défi et un régal de conception pour les auteurs. Et je trouve a posteriori que tout se tient super bien. Le tout est illustré avec finesse par le studio Crocotame.
La logique des escape games
Vous le voyez venir, le gros mais ? MAIS. Cette logique d’escape games, pour des cerveaux comme le mien (comprenez : pas super bien câblés probablement) génère autant de frustration que de plaisir. D’autant plus avec la limite de temps. Certaines énigmes sont assez frustrantes.
Enigmes visuelles
Avec la solution sous le nez, bien sûr que l’on comprend mieux, et pour plein de personnes qui adorent les escape games, cette trituration de problème avec des inconnues d’énoncé les rend heureux. Moi ça me donne envie de plumer des pinsons avec des moufles.
La première énigme vous fait superposer deux cartes, pour former le nombre 52 dans l’eau. Le texte vous demande de faire coïncider les regards du pinson et de la carpe, ce qui n’est absolument pas évident, même résolu. Je devienne fou. Vous allez me dire que je chipote, que l’angle de vision des deux protagonistes est bien plus large. Et vous aurez raison. Mais moi je ne me dis que les regards auraient dû être plus directs, que la position de l’oiseau aurait dû être orientée de façon plus optimisée. C’est ça que ça crée sur moi, les escape games : un enfant de 11 ans qui rage sur Fortnite.
Deux ou trois fois dans le jeu, l’aide apportée par les indices, ou la petite triche des familles, est obligatoire pour moi. Ainsi, les énigmes d’addition, présentes dans tous les Unlock! ou presque, vous demandent d’ajouter les nombres de deux cartes pour en révéler une nouvelle. Cool, quand cette addition soit trouvable, bien réalisée. Et que l’on se retienne de voir les nombres restants parmi les cartes non-dévoilées pour aiguiller notre résultat.
Une énigme visuelle d’addition ici, qui vous demande d’additionner deux nombres. C’est bien réussi, il faut additionner 23 à 62 et retourner la carte 85. Dommage que je sois con à ce point, je pensais que c’était un 9 mal foutu, du coup je retourne la carte 23+9 =32. Erreur. C’est la faute du jeu et ça me donne envie d’élever des carpes dans du beurre !
Enigmes textuelles
Un autre type d’énigme est présent, via l’interprétation des textes. Et la plupart fonctionnent bien. A l’exception d’une qui m’a rendu fou, capillotractée à la mort. Ou peut-être parce que je n’ai pas trouvé.
L’énigme vous demande de mettre le soleil derrière la mer, ok. Bon déjà les cartes ne s’alignent pas correctement. En faisant descendre le soleil comme si il se couchait, chaque silhouette d’oiseau « révèle » une lettre. Ce qui donne « A Puy et sur la L U N E ». Et sur l’appli, une lune est discrètement apparue dans le ciel depuis la dernière énigme. Cool quand on voit la solution non ? Mais sans ça, on a juste envie de remplir la Nièvre avec du sable.
L’application
Des résolutions via l’appli sont évidemment de la partie, et je suis mitigé. quand c’est bien fait c’est très agréable, ça donne une dimension auditive, ou d’autres points que je ne vais pas spoiler, mais vraiment cools. Mais quand c’est mal fait, ça rompt totalement le charme du jeu. Ce souci n’est peut-être pas universel, car la probabilité que mon cerveau soit du flamby à la colique reste très élevée. J’imagine que le défi technique est grand.
Dans l’énigme finale, une carte fait apparaître dans l’appli un chemin invisible. Enfin pour la personne qui tient le téléphone, car il est difficile pour les autres joueurs d’avoir la même qualité de point de vue. Ce n’est pas pratique et en plus le téléphone décroche une fois sur deux cette réalité augmentée, ce qui fait recommencer tout le process. Dans ma partie, j’ai même eu un problème pour valider cette dernière carte, et ça m’a pris 5 minutes pour reprendre l’opération à zéro. Dommage pour un climax, sapé par une ergonomie défaillante.
Le requiem des Embruns
Au final, je salue vraiment et l’orientation thématique et les efforts des Space Cowboys pour produire une expérience Unlock! sans cesse renouvelée. Ca ne fonctionne pas bien sur moi et le jeu me fait pester du début à la fin. Mais le problème c’est moi, et j’espère m’en sortir un jour ! Pour 7€, ça reste quand même très abordable pour passer une heure avec un-e ami-e ou en solo, et se confronter aux énigmes multi-niveaux concoctées par les auteurs.