Servi par une édition magnifique, Perchés est un jeu dont thématique oiseaux ne laisse pas du tout deviner que c’est un jeu d’enflure où l’on se fera de grosses crasses. Basé sur de multiples mécaniques de majorités, Perchés veut se jucher au sommet de l’arbre des jeux à forte interaction. Y arrive-t-il ? Voici mon avis et ma critique de Perchés !
Une édition presque parfaite qui a pris sa volée
La couverture de la boîte donne déjà le ton : une colorimétrie sobre, naturelle, et tout sauf criarde. L’illustration a de la personnalité, la typo est parfaite, la composition au top. A l’intérieur, On retrouve encore pas mal d’illustrations sur les tuiles, qui donnent une vrai tronche au jeu. Je ne connaissais pas Ari Oliver, jeune illustrateur-rice allemande qui vient par ailleurs de travailler sur Tipperary. Je trouve son travail très réussi, original et parfaitement adapté à Perchés.
Niveau matériel, même s’il est composé de plastique en partie, le jeu offre un insert avec des composants bien calés. Un distributeur d’oiseaux est présent, des standees représentant des créatures de la ferme, un sac en tissu des aides de jeux et des tuiles en carton complètent la liste. Pour un prix de 36€ environ en boutique, Perchés est une belle proposition. Petit bémol : la règle un peu approximative.
Le gameplay : enfume-moi
Une fois cette belle édition posée sur la table, qu’est-ce qu’on en fait ? Globalement, Perchés est un jeu de majorités : vous allez empiler des oiseaux sur différentes tuiles, et chaque tuile propose ses propres conditions. Sur certaines tuiles vous marquerez plus de points si vous avez le plus d’oiseaux, mais sur d’autres il faudra être placé deuxième ou troisième. Certaines tuiles ont un nid, et le premier joueur à s’y placer peut l’occuper, ce qui compte comme un oiseau supplémentaire. D’autres tuiles vous donneront le contrôle sur des animaux (chien, chat, aigle…) dont les effets seront de chasser ou de déplacer des oiseaux.
Les oiseaux chassés s’envolent vers un deuxième plateau, la fontaine, où ils se perchent en commençant par le bas. Plus vous montez, plus vous scorerez des points. Ce qui fait que parfois, il est intéressant de chasser ses propres oiseaux !
C’est d’ailleurs l’un des points forts de Perchés : l’interaction et le fait de jouer les oiseaux des autres. A chaque tour, vous jouerez deux oiseaux de votre couleur, et deux oiseaux piochés au hasard dans un sac. Et jouer les oiseaux des autres c’est aussi important que de jouer les siens ! A la manche 4, chaque joueur acquiert une volière, un petit toit à poser sur l’un de ses piles d’oiseaux. Qui a pour effet un +1 sur le nombre d’oiseaux, et d’immuniser cette pile à toute attaque. Car à la manche 5, vous aurez un petit éclair pour foudroyer un oiseau, et cet oiseau ira rejoindre la fontaine pour scorer.
Les crasses et les fourberies vont donc s’enchaîner, pour virer des majorités, déplacer des oiseaux, essayer de se faire oublier…Chaque joueur a d’ailleurs un objectif secret, choisi parmi deux au début, qui peut amener les 3 à 5 points qui manquent à la fin ! En plus des points scorés à chaque tout sur chaque lieu, la plus grande pile d’oiseaux marquera 10 points, le contrôle de chaque créature 3 points, la fontaine X points selon le niveau de chacun de vos oiseaux.
Ne pas faire l’autruche devant la rejouabilité
La variété des tuiles et le concept même du jeu aboutit à un gameplay quasi infini. Vous n’allez pas enchaîner les parties car à 4 ou à 5 Perchés dure une bonne heure et demi. Mais une partie de temps en temps : oui. Car Perchés n’est pas à proprement parler un jeu familial, pour deux raisons :
- son format est assez long
- ce n’est pas qu’il soit dur à jouer, mais ses mécaniques sont assez subtiles et le jeu a de la profondeur (c’est une bonne nouvelle)
Chaque partie de Perchés a son propre feeling, dépendant des tuiles choisies, et de votre objectif personnel. Encore une fois, un très bon point !
Le perdreau de l’année
Vous ne baillerez pas aux corneilles en jouant à Perchés, car le jeu casse trois pattes à un canard. Avec son gameplay remonté comme un coucou, il ne faudra pas pousser des cris d’orfraie en vous faisant arnaquer à la 5e manche ! Vous aurez besoin d’un regard d’aigle pour discerner les majorités, ne pas vous faire pigeonner, et bien placer les oiseaux adverses pour leur faire entendre le chant du cygne.
Perchés est au final un excellent jeu, très interactif, profond et rejouable. Il prend son temps pour délivrer ses saveurs au cours de 5 manches, dont le crescendo est alimenté par des trouvailles de gameplay excellentes. Le fait de jouer toutes les couleurs d’oiseaux, et pas seulement la sienne, apporte un énorme dynamise aux parties. Alors certes c’est chaotique, mais c’est pour ça que c’est bien. Un solide banger.