Mon avis sur Arborea : on juge l’arbre à ses fruits

Dans Arborea, incarnez un esprit protecteur et dirigez vos villageois afin de recréer un écosystème prospère suite à un cataclysme destructeur. Tentez de reconstruire un environnement sain afin d’attirer les différentes créatures jadis disparues.

Le :

Par : Ludiguid

Dans : Critiques et Avis

Arborea avis jeu

Mon avis en bref

Arborea est un jeu de pose d’ouvriers dont l’originalité réside dans ses pistes que l’on va déplacer, pour une interaction démultipliée. Les différentes mécaniques qui s’imbriquent parfaitement entre elles lui apportent encore plus de profondeur. Et qu’est-ce qu’il est beau !

Dans ce jeu signé Alley Cat Games et localisé par Pixie Games, découvrez un système original de pose d’ouvriers à pistes mouvantes, sur lequel s’appuient différentes mécaniques interconnectées, le tout dans un univers onirique et coloré. Mais Arborea réinvente-t-il vraiment la pose d’ouvriers? Parvient-il réellement à tirer son épingle du jeu? C’est ce que vous allez découvrir à travers mon avis et ma critique d’Arborea.

Une édition colorée et qualitative

Le visuel est toujours la première impression qu’on se fait d’un jeu, et Arborea n’a pas à démériter sur ce plan tant le jeu est magnifique! Et mes quelques réticences initiales quant à cette explosion de couleurs se sont très vite envolées tant les illustrations et les choix de couleurs sont harmonieux.

Côté matériel, on peut tout particulièrement s’attarder sur ses jolis meeples, tous plus mignons les uns que les autres (même les “créatures” sont mignonnes, c’est pour dire…), mais aussi sur son plateau chatoyant.

Un plateau qui pourra cependant en déconcerter certains, de par sa grande taille et ses iconographies un peu petites et dispersées, qui ne rendent pas toujours la tâche facile quand on cherche une action bien précise. Le trop plein de couleurs pourra aussi un peu pallier la lisibilité générale du jeu.

Mais ces quelques inconvénients finiront par se dissiper car, passées les règles qui manquent un tantinet de structure (rien de dramatique, je vous rassure), Arborea se révèle finalement bien plus organisé qu’à prime abord.

Les iconographies sont claires et le plateau se révèle finalement très bien pensé, avec différents rappels de règles et de scorings, mais aussi des pistes très thématiques qui facilitent grandement la recherche des symboles.

Tout est bien qui finit bien, donc! Mais en sera-t-il de même concernant l’expérience ludique de jeu ?

Le gameplay : de la pose d’ouvriers ingénieuse (et bien plus encore)

Arborea propose un savant mélange entre pose d’ouvriers et création de tableau, portées par un concept original qui décuple l’interaction entre les différents joueurs.

Chaque tour de jeu démarre par l’étape de pèlerinage, qui consiste à choisir entre placer un de ses villageois sur le départ d’une des pistes ou bien faire avancer une piste au choix.

Et c’est là toute l’originalité du jeu : les différentes pistes vont physiquement être avancées, emportant avec elles tous les villageois qui s’y trouvent. Et à chaque fois qu’une piste avance, les propriétaires des villageois qui s’y sont posés pourront décider de les faire descendre à l’entrée d’un des sentiers déjà préalablement atteints, ou bien de les laisser sur la piste et possiblement viser un sentier plus lointain, pour plus de récompenses à la clé.

La seconde étape consiste ensuite à activer un maximum de deux de ses villageois descendus sur un sentier. Chacun de ces villageois va ainsi partir en pèlerinage et parcourir la totalité du sentier, en activant chaque symbole qu’il trouvera sur son chemin.

Diverses actions en découleront, les principales étant de :

  • Récupérer des ressources en régénérant des biomes. Ces ressources seront cependant communes à tous les joueurs, et pourront donc être utilisées par vos adversaires
  • Former des jeunes villageois et des villageois anciens, afin d’obtenir plus d’ouvriers mais aussi bénéficier de leurs avantages respectifs.
  • Attirer des créatures dans les Terres Frontalières, les rendant disponibles pour tous les joueurs. 
  • Inviter une créature des Terres Frontalières dans sa zone personnelle afin de le placer ultérieurement dans son écosystème.
  • Faire des cadeaux aux différents sages, et obtenir des récompenses de ces sages selon le nombre de cadeaux offerts.
  • Prendre une carte écosystème dans sa réserve pour tenter de la compléter

La dernière action sera cependant toujours la même : récupérer son villageois et le replacer sur son plateau joueur.

Les villageois adultes seront immédiatement réutilisables à la prochaine étape de pèlerinage, tandis que les jeunes et les anciens (les plus petits) devront être formés au préalable. Une fois tous les villageois activés, il est possible de compléter une carte écosystème.

Pour se faire, il faut dépenser précisément toutes les ressources exigées par la carte. Si une ressource vient à manquer, la ressource d’eau peut la remplacer. Les récompenses indiquées sur la carte sont ensuite récupérées et la carte est réservée pour la fin de tour.

Il ne reste désormais plus qu’à renouveler la réserve de biomes en remontant toutes les parties inférieures de biomes jusqu’à leur partie supérieure (qui correspondent aux biomes récupérés durant ce tour mais inutilisés). Pour chaque cran remonté, des points sont immédiatement collectés. Vous serez donc récompensés si vous produisez des ressources sans les utiliser immédiatement! Mais gare à ne pas les laisser traîner trop longtemps ou vous risqueriez de vous les faire voler par un autre joueur.

Enfin, chaque villageois du joueur actif fait avancer la piste sur laquelle il se trouve. Les villageois anciens permettent d’avancer d’un cran supplémentaire (la puissance du savoir!). Bien évidemment, vous ferez également avancer les villageois de vos adversaires s’ils s’y trouvent.

Et comme pour chaque déplacement de piste, les joueurs dont les villageois ont avancé peuvent immédiatement les faire descendre afin d’économiser une action, puisqu’ils seront déjà prêts à être activés pour leur prochain tour.

Une fois le tour terminé, il ne reste plus qu’à placer tranquillement la carte biome complétée dans son écosystème en respectant certaines règles de pose, comme la possibilité de recouvrir partiellement d’autres cartes, ou même de pivoter la carte à 90°. 

De la même façon, chaque créature invitée sera placée dans l’écosystème en essayant au maximum de respecter leurs conditions de scoring, qui vont dépendre principalement des biomes adjacents mais aussi des créatures alentours.

Cependant, si vous ne pouvez ou ne souhaitez pas placer une créature, il est possible de la placer en captivité. Vous pourrez ainsi la placer lors de votre prochaine pose de créatures, mais dans la limite d’une seule par tour.

Enfin, la fin de partie est déclenchée lorsque le marqueur soleil atteint la dernière case de la piste Soleil (jeton qui avance d’une case à chaque nouvelle créature attirée).

Tous les joueurs effectuent ensuite deux tours supplémentaires avant de procéder au décompte final, pour lequel chaque joueur :

  • Perd trois points par créature encore en captivité
  • Gagne ou perd des points selon sa position sur la piste d’esprit 
  • Gagne des points selon les scorings de chacune des créatures de son écosystème
  • Gagne des points de saison selon la condition indiquée pour chaque saison. Ces points étant multipliés par le multiplicateur atteint sur chaque piste de la saison concernée.

Et bien évidemment, le meilleur score l’emporte !

Mais pourquoi c’est si bien, Arborea ?

Arborea en impose déjà visuellement, avec un thème coloré et un univers onirique fort. Mais son atout majeur et identifiable dès la première minute de jeu, c’est clairement son système de pistes mouvantes. Au-delà de son originalité, il induit une réflexion stratégique bien plus poussée qu’une pose d’ouvriers classique. 

Il faudra par exemple jauger où, et surtout jusqu’où, amener ses villageois, tout en gardant en tête que les autres joueurs vont possiblement les faire avancer… et vous les leurs ! D’où l’intérêt de regarder le jeu des autres joueurs pour ne pas trop les avantager, tout en profitant de leurs tours pour pousser vos villageois plus loin.

L’aspect stratégique est donc décuplé par cette mécanique de pistes mouvantes, qui contraint à réfléchir plusieurs tours à l’avance. C’est dans un second temps, après quelques tours de jeu, que se dessine la deuxième force du jeu : ses différentes mécaniques qui retournent complètement le cerveau.

Entre valider ses biomes grâce aux ressources, récupérer des créatures pour scorer selon des critères spécifiques, former des villageois pour avoir plus d’ouvriers et donc plus d’actions, et offrir des cadeaux aux sages pour avoir des actions supplémentaires, les différentes mécaniques s’imbriquent parfaitement entre-elles et c’est un vrai casse-tête à optimiser.

C’est d’ailleurs ce qui donne autant envie d’y revenir, dans le but de faire mieux, mais surtout de mieux calculer ses coups. On en vient ensuite à un point que je n’avais pas particulièrement soupçonné au premier abord : l’interaction entre les joueurs.

Entre les pistes qu’on essaie tant bien que mal d’avancer sans trop avantager nos adversaires et les vols de ressources mais aussi de créatures, l’interaction est bel et bien présente. Il faudra donc parfois user de stratagèmes pour attirer ET inviter une créature durant le même tour afin d’être sûr de la récupérer, ou bien calculer parfaitement les ressources à récupérer pour pouvoir compléter à coup sûr son biome durant le même tour.

Pour moi, Arborea s’est vraiment révélé au cours de ma deuxième partie, et je vous recommande de ne pas vous arrêter à une seule partie car vous ne verrez possiblement pas toute la subtilité du jeu.

Il renouvelle définitivement la mécanique de pose d’ouvriers en y ajoutant son originalité, mais surtout une vraie profondeur stratégique qui devrait convaincre les plus joueurs d’entre vous.


arborea
ludum

Etiquettes : Arborea | Pixie Games


Infos :

Editeur : Pixie Games

Créé par : Dani Garcia

Illustré par : Javier González Cava, Nicolas Gendron

Nb joueurs : 1 à 5

Idéal à : 3

Age mini : 14 ans

Durée : 90-120min

Caractéristiques :

Complexité : 4

Thématisation : 3.5

Interactivité : 4

Edition

4.5

Mécaniques

5

Rejouabilité

4

Originalité

4.5

Note

18

Comment sont notés les jeux ?


Points Positifs

Le système des pistes mouvantes

Les différentes mécaniques à optimiser en parallèle

La forte interaction entre les joueurs

L’incroyable beauté du jeu

Points Négatifs

Le manque de lisibilité du plateau

L’agencement de certains points dans la règle


Ludiguid


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