Après une apnée de deux épisodes relatant le crash du vaisseau Weyland-Yutani, dans un complexe de tours de l’autre corpo, la Prodigy, cette première saison d’Alien Earth nous offre enfin un peu de contexte avec l’épisode 3 : la Métamorphose. Et comme depuis le début, la série alterne entre de bons ressorts thématiques, et des errances bizarres. Voici ma critique de l’épisode 3 d’Alien Earth, rempli de spoilers !
Previously, dans l’USCSSS Maginot
L’USCSS Maginot, un vaisseau cargo de la Weyland-Yutani, s’est crashé dans la Nouvelle Siam, une ville appartenant à la corpo Prodigy. Rendu hors de contrôle par des hôtes plutôt dotés de trop de pattes, de tentacules ou d’yeux par rapport à la norme terrestre, le Maginot revêt une importance capitale. D’abord la ville organise un sauvetage, avec une escouade de soldats infirmiers, dont Joe Hermit protagoniste principal.
Prodigy et son trillionaire de président Boy Kavalier décident d’envoyer leurs propres forces dans ce sauvetage. Et cette force, ce sont leurs hybrides : des corps synthétiques dans lesquels on a « téléchargé » la personnalité d’enfants humains (en passe de mourir). Le premier hybride s’appelle Marcy, et devient Wendy dans son nouveau corps. Dans son passé, elle est la soeur de Joe Hermit, et la série va jouer sur ce ressort narratif : le lien qui unit Joe et Wendy, qui semble transcender la mécanique. Tous ces enfants Prodigy se retrouvent dans des corps d’adultes, aux capacités avancées. Ils portent tous des noms de l’oeuvre Peter Pan, jouant sur la symbolique de la jeunesse éternelle, chère aux milliardaires…
Dans les deux premiers épisodes, on assiste donc au sauvetage des passagers du Maginot…ah non, ils sont tous morts, hormis le cyborg de la Weyland, Morrow ! En revanche, les bestioles qui s’y abritaient ont bien survécu et se promènent dans les cales du Maginot, voire dans les étages inférieurs de la tour du crash, visitant même quelques appartements au passage.
Un trip sous acide
L’épisode 3 reprend immédiatement au cliffhanger du 2. Joe s’est fait choper par le xénomorphe, et Wendy saute dans le trou à sa poursuite. La scène d’action qui s’en suit, quelque part intéressante sur une thématique, est assez nulle. Le xénomorphe ne semble pas vouloir attaquer Wendy, et se recule même en la voyant.
Mais Wendy transperce la créature avec son massicot-katana magnétique qu’elle porte dans son dos (WTF). S’ensuit une baston nulle dans laquelle Wendy en un contre un réussit à battre un xénomorphe. Le même qui ne voulait pas l’attaquer, mais qui se comporte comme une bête blessée ? Joe lui, se fait transpercer mais ne meurt pas. Tout le monde finit au sol, dans un bain d’acide, de sang ou de jus de synthétique.
Dans le même temps, Morrow (mon perso préféré pour l’instant) rencontre deux enfants hybrides devant les oeufs aliens. La scène affiche le côté enfantin des hybrides (dans un dialogue bien mené), et surtout, laisse Morrow envoyer à Weyland-Yutani toutes ses données via un terminal. Morrow en profite aussi pour implanter Slightly d’une sorte de nano-puce, dans le cou. Et accessoirement, avoir un discours philosophique entre lui, cyborg, et Slightly, hybride. Morrow semble avoir du remords parce qu’il a laissé mourir son équipage. Mais que c’était aussi inéluctable. Un dilemme complexe pour un cyborg.
La question que pose Morrow est : « When is a machine not a machine ? » ce qu’on peut traduire par « qu’est-ce qu’une machine quand elle cesse de l’être ? ». On est dans de la rhétorique purement SF, dans du Asimov ou du K.Dick, et c’est génial. Les deux formes d’hybridation discutent entre elles de leur côté humain résiduel, j’ai adoré le passage.
Et c’est la première respiration de la série : la corpo met la main sur tout. Le Maginot tombé dans son jardin (ce n’est pas un attentat du coup ?), les créatures, les oeufs, l’équipe de sauvetage. Tout le monde sauf Morrow, qui a réussi à s’échapper. Encore une fois c’est un peu cheap, le dézoom proposé est en plan serré, tout se fait au grand jour alors que l’espionnage industriel est la norme dans une société de corporations, mais bref.
Tout ce joli monde est emmené dans un laboratoire lointain, dans une jungle.
Welcome to the Jungle
Kavalier attend tout ce joli monde, et dans des scènes plus posées, la série peut alors exposer un peu plus son contexte. Les enfants hybrides ont leurs propres problématiques : Curly est jalouse de Wendy, qui semble être la préférée de daddy Kavalier, tandis que Nibs a des flashs bizarres de son moi enfant humain, et semble atteinte de troubles psychologiques.
L’équipe menée par Kirsh installe les créatures dans le labo, en quarantaine. Wendy est en train d’être réparée, et Joe d’être opéré. Morrow, resté à la Nouvelle Siam, contacte la Weyland-Yutani : il veut terminer sa mission et récupérer la cargaison.
De retour au labo, Slightly a un appel entrant dans sa tête. C’est Morrow, qui communique via la puce implantée auparavant. Slightly est très surpris, mais Morrow réussit à le convaincre en lui sortant un argument rhétorique : on a tous besoin d’un ami. Morrow a désormais une porte d’entrée potentielle vers le labo Prodigy.
Et soudain, Wendy se réveille : elle fonce tout droit vers le labo, car Kirsh est en train d’ouvrir un oeuf. Et Wendy, grosse surprise, en est affectée. Elle semble connectée aux xénomorphes enfants ! Elle s’est métamorphosée ? Que s’est-il passé dans son combat avec le xénomorphe ? Alors que Kirsh extrait un têtard xénomorphe de son enveloppe facehugger, Wendy s’évanouit.
Kirsh s’avance vers une autre pièce, larve de xénormorphe dans un tube à la main. Dans une cuve, les poumons de Joe. Il verse la larve, qui va s’y loger…Joe va donc devenir un hôte du xénomorphe !
Les prodiges de Peter Pan
Dans ce 3e épisode, plusieurs thématiques sont lancées :
- la réflexion des synthétiques sur leur statut
- la possibilité qu’un hybride soit imparfait ou différent, avec Nibs
- les défauts humains que l’on ne peut pas gommer quand on les copie
- un petit écran bref indique que la Prodigy aurait peut-être fusionné avec une autre corpo la Lynch ? On veut de la politique !
- le parasitisme au total, coeur de l’oeuvre alien, et qui dans cette série deviendra une réflexion sur notre propre espèce comme un parasite
Au rayon des trucs qui m’ont déplu, c’est toujours ce cul entre deux chaises sur les choix visuels. Ou ce caméscope de 13 kilos quand dans le même temps un cyborg au bras métamorphe peut insérer une nano-puce en sous-cutané. Ces hybrides bourrés de technologie et ces consoles aux 195 boutons mécaniques. Ou ce xénormophe qui peut soulever un container de 475 tonnes, tuer des dizaines de soldats armés, mais qui échoue à mettre au sol un enfant de 10 ans en un contre un ?
Après, dans la SF, c’est toujours facile de trouver des incohérences, ou de relever des détails. Moi ce que je veux voir, c’est Alien Earth qui explore la notion de parasitisme, qui nous donne de l’introspection hybride/synthétique, et qui nous serve un discours politique inhérent à l’état capitalistique/corporatif de son univers. Les thématiques jetées ça et là sont pour l’instant très intéressantes, et il nous faudra encore quelques épisodes pour juger de la qualité de la série.
J’espère juste qu’elle ne devienne pas une énième série horrifique/action, on a déjà vu ça 1000 fois.