C’est en écoutant tranquille mon podcast habituel que j’ai entendu la nouvelle : Floodcast s’arrête fin juin. Après 10 saisons toutes plus drôles les unes que les autres, après avoir proposé des dizaines d’invités, le podcast français le plus populaire tire sa révérence. Un crève-coeur à titre personnel, et en même temps la réalité du temps qui passe et de l’impermanence des choses.
Il s’agissait du Floodcast
Créé par Florent Bernard et Adrien Ménielle, le Floodcast est un podcast humoristique et culturel, qui prend quelques prétextes ou fun facts de l’actualité pour parler de la vie. Très vite, le duo Flober/Adrien trouve un rythme et un ton à la fois hyper vrai et cool pour parler de différents sujets. Avec souvent une accroche à l’actualité qui glisse vers le vécu personnel d’eux-mêmes et de leurs invités.
Et des invités, ils en connaissent beaucoup. Gravitant autour de Golden Moustache, puis impliqué dans l’écriture ou la réalisation de nombreux sketches de plein de comédiens/studios différents, le duo connaît pas mal de monde. C’est comme ça que le podcast a accueilli des invités issus de plein d’horizons, de Natoo à Patrick Baud, d’Yvick à Alison Wheeler, d’Antoine Daniel à Doully…
Reçus dans l’authentique studio d’enregistrement professionnel du salon de Florent Bernard, les invités étaient conviés à parler de leurs névroses autant que de leur mycoses, de débattre sur les gangs de singes, ou de sujets résolument sous la ceinture, devant et derrière.
Avec un espèce de génie pour être toujours grossiers mais pas insultants, une faculté à exclure les clichés racistes et sexistes, à proposer un humour moderne, pas stigmatisant.
Merci pour ces 10 ans
Depuis 10 ans j’ai grandi avec le Floodcast : je l’ai écouté en courant, sur mon vélo, en voiture ou en faisant la vaisselle. Mais j’ai surtout évolué en même temps qu’eux : j’ai assisté à la naissance de la fille de Florent, à ses débuts de carrière dans le cinéma. J’ai connu l’adoption du chien d’Adrien, je suis parti en vacances avec lui dans son nouveau van. J’ai suivi leurs projets professionnels (notamment la Bonne Auberge, vu que sur Campustech on parle de jeux de rôle, forcément). Simplement en les écoutant.
Et cette annonce de fin du Floodcast me fait un choc. Un peu comme un super pote qui t’annonce son départ en Australie. Alors oui il te promet de te donner des nouvelles, mais tu sais déjà que c’est fini. De l’histoire ancienne. Il faut faire le deuil. Alors là avec le Floodcast c’est bizarre, car c’est une relation presque toxique : elle ne va que dans un sens. Mais c’est mon problème !
Passé ce choc, finalement tu te dis que c’est normal. La vie évolue, et il n’y a rien de pire que de stagner. Le Floodcast nous a apporté 10 ans de rires et de recommandations culturelles, et c’est déjà inouï. Sans embrouilles, sans clashs nuls. Deux potes un peu bizarres, à l’intelligence sociale extrêmement développée, qui ont alimenté notre besoin d’entendre des vannes, ou de rigoler de la folie de l’internet (cette fin de phrase est horriblement nulle). De se sentir proches d’invités que l’on devine via leurs sketches ou contenus, et que l’on découvre de manière plus intime, plus franche, plus vraie.
Le Floodcast n’aura pas eu sa saison de trop. Merci pour ces 10 ans !
Turn Around
Personnellement, quelqu’un va vraiment me manquer : Adrien Ménielle. A chaque fois que je l’entends, ce mec me touche. Par son humilité, par son humour exquis, par son espèce de lose assumée. Par la musicalité de sa voix aussi. Après 10 ans de podcast j’ai l’impression de connaître son appartement, de savoir comment il vit, où il range ses objets et quelles sont ses manies. Je sais ce qu’il a traversé, un peu.
J’ai à peu près le même âge que lui et je me reconnais dans ce rejet d’une masculinité du passé, dans une forme de spleen parfois. A ce qu’il emprunte à Bacri, dans une sorte de réalisme désabusé, mais super sincère et honnête. Peut-être que je l’apprécie parce qu’il est rôliste et amateur de jeux de société, probablement aussi.
Il va sûrement créer ou intégrer d’autres projets, tout va bien hein. Mais je me joins à plein d’autres gens qui voient dans un podcast une sorte de refuge, de safe space, où l’on sait quels piliers on va trouver (du rire, des singes, et du sp..me). Perdre ça c’est un peu comme sauter dans le vide. (Pas sûr de cette comparaison).
Adrien Ménielle part donc en Australie, en quelque sorte. C’est comme ça. Ne vous inquiétez pas je ne vais pas lui envoyer de DM pour le lui dire.