Tony Gilroy n’a pas mâché ses mots en dévoilant les dessous de « Andor », une série Star Wars qui a coûté 650 millions de dollars pour seulement 24 épisodes.
Le streaming est mort
Le créateur de la série, acclamée pour sa noirceur et sa maturité, a révélé au festival ATX que Disney avait déboursé une somme titanesque pour produire les deux saisons d’Andor. Pourtant, les discussions budgétaires ont été tendues pour la deuxième saison. Selon Gilroy, la consigne était claire de la part du studio :
« Le streaming est mort. On n’a plus les moyens. »
Un budget de film pour chaque épisode
Avec environ 20 millions de dollars par épisode après déductions fiscales, Andor rejoint le cercle fermé des séries ultra-coûteuses comme House of the Dragon ou Severance. La grève des scénaristes et acteurs a aussi alourdi l’addition, avec 20 millions de plus rien que pour les interruptions de production. La facture totale s’élève à 650 millions de dollars environ.
Fuck the Empire
C’est l’un des moments les plus révélateurs du combat créatif mené par l’équipe d’Andor. Tony Gilroy tenait à ce que l’un des personnages crie Fuck the Empire, symbole fort de la révolte et propos principal de la série, voire DE LA TOTALITÉ DE LA FRANCHISE STAR WARS. Il a même rédigé un mémo à Disney pour défendre ce choix, expliquant qu’il était économiquement judicieux et pertinent pour le récit.
Mais Disney a refusé. La réplique est devenue Fight the Empire, plus soft est à l’image des décideurs financiers du groupe. Le réalisateur Benjamin Caron se souvient avoir appelé Gilroy en demandant : « Tu crois qu’on va passer avec ça ? » Résultat : ils n’ont pas gagné cette bataille, mais ont pu aborder d’autres thèmes sensibles et symboliques d’une oppression en marche.
Sexe, violence et sujets sensibles dans une galaxie lointaine
Dès le premier épisode, la série installe le ton : une scène dans un bordel, juste pour voir jusqu’où on peut aller. La saison 2 va encore plus loin, abordant frontalement des sujets comme le génocide ou le viol. Une scène marquante montre le personnage de Bix hurler sur un officier de l’Empire : « Il a essayé de me violer ! »
Parce que ça fait partie de toutes les guerres, de toutes les occupations : les femmes subissent des agressions sexuelles de la part des envahisseurs/colons/ennemis. Et Andor le raconte, lui. Ca ramène l’Empire à ce qu’il est, contrairement à l’iconisation un peu trop facile dont il bénéficie dans toute la licence Star Wars.
Pour l’actrice Adria Arjona, ce moment puissant ancre la série dans une vérité brute, rarement vue dans Star Wars. Elle s’est dite honorée de porter cette scène, à la fois violente et juste.
Une série Star Wars canonique
Andor a osé là où les autres productions Star Wars nous servent des barils de lessive en boucle depuis Episode 6. Avec un ton plus adulte, une liberté assumée et un budget record, la série de Tony Gilroy s’impose comme l’oeuvre la plus aboutie dans la cosmogonie Star Wars. C’est exactement ce dont avait besoin cet univers, c’est la promesse même de la trilogie originale, sur laquelle les tenants crachent depuis 25 ans.
En quelques scènes mythiques comme celle de Maarva ci-dessus, celle de la prison, ou celle de la prise de Ghorman, Andor a rendu toutes ses lettres de noblesse à une licence qui pataugeait dans un jus de goodies et de fan service. Andor a ramené Star Wars dans ce qu’il doit être, un récit de résistance et de rébellion. Un récit sur les peuples fracassés par un délire autocratique à l’échelle de la Galaxie, en miroir à notre propre civilisation et des dérives, potentielles ou réelles.
Avec Rogue One et Andor, Gilroy a prouvé que le discours tenu aux geeks des années 80 dans Episode IV, V et VI avait un fondement, une richesse thématique, un discours fort contre l’oppression, la guerre et l’écrasement des faibles. Ca n’a rien à faire chez Disney.
Fuck the Empire !
Merci Tony Gilroy.