C’est tout naturellement que Min et Elwen nous gratifient un an plus tard d’une première extension sobrement nommée Chefs d’expédition, laquelle ajoute une expérience de jeu asymétrique où chaque joueur peut incarner un leader aux compétences uniques. Suivie de près par la Mission Disparue, sortie en 2023 qui ajoute une campagne narrative rejouable pour 1 à 2 joueurs dans un mode coopératif sous haute tension ! Alors qu’en est-il de ces extensions ? Qu’apportent-elles de plus ? Valent-elles vraiment le coup ?
Les ruines perdues de Narak : Chefs d’expédition
Afin de renouveler (légèrement) l’expérience, l’île de Narak nous fait découvrir deux pistes Recherche totalement inédites. Le temple du Singe oriente les aventuriers sur les traces d’artefacts fraîchement déterrés par nos amis primates. Après un démarrage commun, la loupe et le carnet prennent des chemins différents avec leurs propres coûts. Notre outil de recherche va ainsi nous permettre d’activer l’artefact lors de notre passage tandis que notre calepin contournera ledit objet avant que les deux ne se retrouvent plus haut.
Le temple du Lézard
Le temple du Lézard impose aux aventuriers de gravir la montagne jusqu’à son sommet. Mais alors que l’ascension se passe sans encombre, un Gardien bloque le passage et il va falloir le maîtriser pour pouvoir progresser. Commun à tous les joueurs, une course s’impose pour son contrôle et si jamais d’une manche à l’autre, la créature n’est pas maîtrisée, alors une carte peur est donnée à toutes les loupes sur ce niveau.
Relativement anecdotiques, ces pistes ont le privilège d’exister et s’adaptent parfaitement aux deux faces du plateau central. Elles apportent réflexion et variété.
Cette extension s’accompagne en plus de nouvelles cartes Objets, Artefacts et aussi de tuiles Site et Gardien sans oublier de nouveaux Assistants afin d’optimiser les derniers ajouts.
Chefs d’expédition
Sa grosse nouveauté, c’est, comme son nom l’indique, les Chefs d’Expédition. Alors que le jeu de base nous proposait une aventure totalement symétrique avec un démarrage quelque peu stéréotypé, ici, cette première extension offre la possibilité de vivre une expérience asymétrique avec des personnages haut en couleur. Chacun d’entre eux est doté d’une mécanique qui lui est propre et d’un deck de départ unique. Mais qui sont-ils ?
- Le Capitaine : dispose d’une équipe élargie et obtient donc un troisième archéologue (de couleur gris) lui permettant d’effectuer une action supplémentaire sur le plateau principal. Et si nous n’en avons pas besoin, alors il est toujours possible de le consigner au camp pour récupérer les effets d’un assistant disponible.
- La Baronne : cette dernière a des moyens illimités et offre donc la possibilité d’obtenir un petit bonus de pièce. En complément, et grâce à sa carte signature, le premier objet qu’elle achète dans la rivière à chaque manche lui est accessible immédiatement.
- L’exploratrice : grande marcheuse et solitaire, sa mécanique est inverse au capitaine qui rassemble. Seule archéologue dans son expédition, elle visite les sites les uns après les autres mais ne peut y retourner sur la manche en cours. En cas de fatigue, elle dépose l’un de ses trois “casse-croûte” pour obtenir les effets d’un campement de niveau 0 ou un bonus d’idole.
- La Fauconnière : grâce à son fidèle ami Porteloin (très original comme nom on en convient…), elle va pouvoir au cours de la partie l’envoyer parcourir l’île pour lui ramener de précieuses ressources. Plus son aigle ira loin, plus elles seront nombreuses et de grande valeur.
- Le Professeur : passionné d’artefacts anciens, il débute la partie avec trois d’entre eux dans sa sacoche qu’il lui sera possible d’acquérir en cours de jeu. Par ailleurs, il remporte quelques ressources précieuses à chaque manche.
- Le Mystique : toute sa mécanique tourne autour de son rituel. Il se nourrit des cartes de peur et va chercher à les cumuler pour les bannir. Plus il en a, plus les effets seront puissants. Il débute chaque manque avec une 6ème carte dans sa main.
Mais est-elle indispensable ? Ma réponse est OUI. Il est inconcevable de jouer sans, tant elle apporte à l’expérience de jeu. Chefs d’expédition est ce qu’il manquait à Narak pour pouvoir réellement prétendre à l’As d’Or. Terminé la monotonie du camp de base. Les possibilités sont multiples et chaque personnage offre une expérience unique. Et que dire des nouvelles tuiles et des deux nouveaux Temples ? Elles offrent beaucoup de rejouabilité et une nouvelle manière de progresser jusqu’au sommet de la piste Recherche.
Les Ruines Perdues de Narak : la Mission Disparue
Au revoir le mode compétitif, bonjour le mode coopératif ! Dans un monde comme Narak, comment ne pourrait-on pas penser à Indiana Jones, Tomb Raider ou encore Uncharted ? C’est ainsi que Min et Elwen renouvellent l’expérience de jeu en proposant une magnifique campagne narrative à multiples embranchements, jouable en solo ou à deux joueurs qui rappel étrangement les grands noms de l’exploration.
Le professeur Kutil a disparu
Nous voilà parti à la recherche du Professeur Kutil disparu dans une précédente expédition. Des aventures à rebondissement attendent les joueurs qui se trouvent en conflit direct avec la traître Marie-Antoinette qui cherche à réveiller et obtenir les faveurs des gardiens de l’île avant que nous ne retrouvons notre mentor. Qu’on soit clair, l’expérience de jeu est au rendez-vous, et une merveilleuse histoire sous haute tension nous attend. Les objectifs sont complexes mais pas irréalisables. La difficulté est parfaitement dosée et laisse le choix au joueur de changer de personnage entre chacun des six scénarios.
En parlant de personnage, cette extension ajoute deux nouveaux chefs d’expédition :
- La Mécanicienne : accompagnée de son fidèle assistant le singe, sa roue crantée offre au joueur beaucoup de flexibilité et de possibilité de jeu. Entre ressources et déplacements gratuits, le choix est large.
- Le Journaliste : bien plus complexe, sa grande force réside dans sa capacité de pouvoir établir des suppositions. Par cet effet, son carnet peut progresser d’un niveau au-dessus de la loupe. Il récolte sur le plateau central des idées qu’il va pouvoir transcrire dans son journal pour obtenir des ressources supplémentaires.
Les temples de la Cascade et du Singe
Mais ce n’est pas tout ! L’expédition disparue propose deux nouvelles pistes Recherche (les meilleures selon ma propre expérience). Le temple de la Cascade pousse les aventuriers à remonter les chutes jusqu’à leur source. Au grès de l’ascension, le passage répété des joueurs fait varier le cours d’eau ce qui impose un nouveau chemin aux autres. Par cette mécanique, l’anticipation ne prime plus sur la rapidité. Avoir un plan B est nécessaire pour progresser, d’autant que l’on retrouve le double embranchement loupe/carnet déjà présent dans le temple du Singe. Cette fois-ci, la cascade dissimule sous ses chutes plusieurs sites à explorer pour en obtenir les ressources dont on a besoin.
Le temple de l’Arbre invite les aventuriers à traverser les sombres souterrains de l’île jusqu’à en sortir dans un lieu sacré. De grotte en grotte, il est possible d’utiliser par moment l’une de nos idoles pour obtenir de puissantes faveurs. Une fois attribuées, il est impossible pour d’autres de les obtenir. Cette petite course n’est pas sans difficulté car très exigeante, la piste Recherche réclame des ressources relativement coûteuses comme des artefacts à exiler mais aussi beaucoup de rubis et d’idoles. Le Journaliste est tout désigné pour ce temple car sa compétence de “déduction” (faire avancer son carnet avant sa loupe) lui permet de débloquer l’idole dont il a besoin.
Pour résumer, l’Expédition disparue ajoute quelques nouveautés bienvenues mais aussi et surtout, un renouvellement d’expérience complet avec cette campagne entièrement rejouable !
Des extensions indispensables
Les ruines perdues de Narak est déjà en soit un excellent jeu qui ouvre les portes de la gamme Expert aux joueurs plus initiés souhaitant découvrir des sensations plus complexes. Au regard des deux premières extensions, je dirais que Chef d’expédition est indispensable pour obtenir une expérience complète et satisfaisante.
L’ajout des personnages octroie la possibilité de s’identifier à l’un d’entre eux et de s’approprier notre mécanique favorite. Personnellement j’ai un vrai coup de cœur pour le Mystique et l’Exploratrice. En revanche et en toute objectivité, l’Expédition disparue et bien plus dispensable car elle s’adresse directement aux joueurs ayant déjà parcouru l’île plusieurs fois et souhaitant renouveler leur expérience où à ceux préférant la coopération. Mais elle n’est pas pour autant à exclure de toute réflexion car elle a de sérieux arguments.
Notamment les cartes Rencontre qui proposent un choix cornélien lors de leur tirage, mais aussi les deux meilleurs Temples créés à date. Quoi qu’il en soit, Les ruines perdues de Narak est un jeu fait avec le cœur et on ressent toute la passion des auteurs et des illustrateurs à travers toute leur création.
