La série Alien Earth continue de dérouler sa première saison, et dans ce 4e épisode, elle jette les bases d’un nouveau rapport entre humanité et aliens…Voici mon anlyse de cet épisode 4 d’Alien Earth, rempli de spoilers !
J’ai beau être matinale
Wendy, le spécimen transhumain de la corporation Prodigy, et personnage phare de la série, s’est évanouie à la fin de l’épisode 3 : Métamorphose. Attirée mystérieusement par les bruits du xénomorphe disséqué par Kirsh, elle s’était effondrée dans le labo sans plus d’explications. Dès le début de cet épisode 4, elle se réveille, et la team de scientifiques autour d’elle sont aux petits soins, inquiets de son état. Ce qui est moins le cas de son papa-créateur-milliardaire Boy Kavalier, qui veut immédiatement comprendre et extirper le data de sa création.
Dans une phase qui n’est pas sans rappeler la musique entendue par les cylons de Battlestar Galactica, Wendy explique qu’elle entend la langue des xénomorphes. Emises sur des fréquences hors du spectre audible pour l’humain, ces stridulations semblent un peu comprises par Wendy, qui devient aussitôt capable de les reproduire. Et Kavalier de l’exhorter à développer cette compétence.
On comprend instantanément qu’Alien Earth empruntera la thématique de la compréhension des aliens, qui ne seront pas cantonnés à une figure horrifique seulement, à un mystère non-expliqué. Noah Hawley, le créateur du show, va se risquer sur le terrain de la biologie, de l’alienologie. C’est assez risqué, mais ça correspond mieux au format série TV, qui aurait peiné à nous faire peur sur 5 saisons avec le même ressort horrifique.
Morrow land
Pendant ce temps, l’ami Slightly, autre hybride de la Prodigy, communique avec le cyborg de la Weylan-Wutani, appelé Morrow, via la nano-puce implantée à l’insu de son plein gré. Morrow, qui pilotait le vaisseau crashé avec à son bord tous les aliens, essaye de récupérer la cargaison à tout prix pour sa corpo. Et pour cela, il manipule Slightly, qui reste un enfant dans un corps d’adulte.
Je trouve un peu facile la corde tirée par les scénaristes, qui vont utiliser la technique de l’otage de la gentille maman pour faire avancer la relation. La Weyland-Yutani dispose d’une porte d’entrée potentielle via Slightly, qui va devoir récupérer un alien sinon sa pauvre maman aura bobo. Impossible de voler un oeuf dans le labo, donc Slightly va devoir emmener un humain rencontrer un face-hugger, puis extraire cet humain. Et Slightly voit en Hermit (le frère de Wendy) le candidat idéal pour une petite séance de parasitisme forcé.
La mise en scène de ces échanges entre un cyborg et un hybride se font souvent en surimpression d’images : la thématique du parasitisme est donc aussi évoquée par cet implant neural. C’est aussi une sorte de technique de mise en scène pour faire un champ-contre champ à distance, et c’est bien vu. J’ai beaucoup aimé aussi le fait que Morrow donne son nom complet et demande à Slightly son vrai nom. Deux êtres en partie humains qui luttent pour le rester, pour affirmer cette appartenance, c’est touchant et bizarre.
Heureusement, les scénaristes amènent une surcouche à cette relation Slightly-Morrow : le personnage de Kirsh écoute tout. Et Kirsh, qui se fait un peu malmener dans son autorité par Kavalier, pourrait avoir un comportement imprévisible dans le futur de la série. Morrow vit dans la tête de Slightly, mais il n’est pas seul, car Hirsh peut aussi écouter ce qui s’y passe.
Saint Exupéry
Mais revenons à nos moutons, ou plutôt à notre mouton enfermé dans le labo. Qui s’apprête à vivre son dernier épisode de test en laboratoire. En effet, Prodigy décide de tester les capacités de l’alien poulpe-oeil, en créant un date forcé entre l’ovin et l’octopode. Dans ce qui est probablement la meilleure scène de l’épisode 4, l’alien va ainsi prendre possession du mouton, dans une séquence parfaite de parasitisme. Même si les effets spéciaux ne sont pas extraordinaires, le montage et la mise en scène fonctionnent à mort, et le regard transformé et chelou du mouton-alien est juste fantastique à l’écran.
Ce nouveau mouton, bipède pendant un instant, comme si l’alien devait comprendre la biologie de son hôte avant de s’adapter, semble très intelligent selon les ondes gamma relevées à l’écran des « scientifiques » de Prodigy, dont les protocoles expérimentaux semblent un tantinet bricolés au tractopelle. J’ai hâte en tout cas de voir comment la série va gratter son thème du parasitisme, dont les exemples naturels pullulent, et qui, philosophiquement sont super intéressants.
Qu’est-ce qu’il reste de soi quand on est parasité ? Nous le sommes d’ailleurs en partie, nous humains, par des colonies de bactéries. D’autres animaux développent des symbioses parasitaires, d’autres se font effacer par le parasite. C’est incroyable, et là dans une série SF on peut extrapoler des dizaines de points de vue. Notamment celui du corps parasitaire aussi, qui n’a pas d’autre choix que de le faire pour survivre, lui.
Elle a fait un bébé toute seule
L’autre superbe scène de l’épisode concerne Nibs, l’autre hybride de Prodigy, et qui depuis l’épisode 1 semble sujette à des troubles neurologiques. Soit parce que le sujet humain de base avait ces troubles en elle, soit parce que le transfert dans son corps synthétique a merdé un peu. Et ça marche vraiment bien autour du concept de l’immortalité, chose qui est recherchée par la corpo avec ces hybrides synthétiques.
Nibs pose la question suivante : si mon esprit devient immortel, dois-je être guérie avant ? Puis-je guérir pendant, après ? Ai-je droit à l’immortalité si je suis malade ou déséquilibrée ? Qui fixe ces règles ? Si nous devenons machines, est-ce de la réparation ? Devient-on obsolète en cas de dysfonctionnement. Toutes ces questions gravitent autour du transhumanisme, et la série comment à en poser quelques unes.
Dans l’épisode Nibs annonce être enceinte. C’est un corps synthétique, c’est impossible. Sa mère, estomaquée, essaye de la raisonner. Mais Nibs est persuadée d’être enceinte, et en appelle même à l’immaculée conception. Quelques flashbacks nous poussent alors à penser qu’un poulpe neuneuil est potentiellement un peu plus responsable que le barbu cosmique à l’auréole.
Nibs commence à être agressive envers sa « mère », qui appelle d’ailleurs la sécurité, demandant un confinement pour l’hybride…Hâte de voir le développement de cet arc, l’un des meilleurs thématiquement.
Duolingo
La conclusion de cet épisode revient à Wendy, qui décide de mettre à profit ses récents progrès en duolingo option xéno. Elle se rend dans le laboratoire, et sous l’oeil de Hirsh, commence à fredonner une mélodie en langue alien, devant une cuve contenant un bébé xénomorphe. Et le petit parasite, lové dans le poumon-hôte du frère de Wendy, commence à se trémousser.
Mais la comtine de Wendy est si parfaite que le xénomorphe veut l’écouter de plus près, et le voilà qui éclate la cuve et se retrouve sur une table en inox, sourire argenté et attitude de serpent charmé. Wendy crée alors une interaction affectueuse avec la créature…Et entre deux créatures parasitaires (Wendy est en quelque sorte un parasite aussi, celui du corps de Marcy) une compréhension s’installe ? Qu’est-ce que les xénomorphes auront à raconter ?
C’est très risqué, c’est casse-gueule, mais Noah Hawley y va à pieds joints. On ne peut pas lui reprocher d’explorer son matériau de base, et j’attends de voir comment il fera se coïncider ces thématiques dans la durée. Si je trouve la série assez moyenne en termes de mise en scène, elle est toutefois assez ambitieuse dans son propos !
